Un voyage à Cracovie
Plus que le film de Spielberg : La liste Schindler, c’est le roman de William Styron : Le choix de Sophie, que j’avais lu tardivement, qui motiva mon voyage à Cracovie. J’avais été ébranlé par l’intensité dramatique du roman, une intensité qui monte crescendo, au fur et mesure des révélations de Sophie sur l’univers concentrationnaire.
L’ombre du passé planait sur le musée juif de Galicie, un modeste musée retraçant ce que fut la vie de la communauté juive de la région avant la seconde guerre mondiale. Cracovie comptait un peu plus de 60 000 juifs en 1939, ils n’étaient plus que quelques milliers en 1945 et ils furent victimes d’un pogrom à leur retour des camps. La plupart émigrèrent aux Etats-Unis ou en Israël.
Je pensais à toutes ces victimes innocentes en sortant du musée et j’avais l’impression d’être au contact de leurs âmes, d’où le titre de mon second roman : Les âmes de Cracovie qui devrait être publié dans quelques mois.
L’histoire nous apprend que le lent glissement vers l’abîme s’opère sans que l’on s’en rende compte, comme le montre très bien William S. Allen dans Une petite ville nazie et qu’il faut se défier des discours politiques qui prônent la haine de l’autre, le refus de la différence ou un nationalisme exacerbé.
Il est rare de voir se reproduire les circonstances ayant entouré un événement, l’histoire ne se répète pas, mais l’autoritarisme, l’intolérance et le populisme progressent. La classe politique est peu considérée et l’attachement à la démocratie diminue parce que les jeunes générations prennent pour acquises la paix et la liberté dont nous jouissons depuis des décennies.
Ces réflexions ont fait mûrir en moi l’envie d’écrire le récit de la vie d’une famille juive de Cracovie et de ses proches entre 1920 et 1941, une période particulièrement troublée, passionnante et riche d’enseignements pour notre présent.